il n'y a qu'au mois d'août
en regardant les couleurs changeantes du ciel dans le soleil couchant, les bras autour du pilote, les doigts dans les gants de cuir entrelacés, je me disais ceci "il n'y a qu'au mois d'août où de telles parenthèses surviennent".
perchée sur la toute petite selle de passager, je pensais à toutes ces fois où j'avais été passagère.
derrière l'Amour qui avait passé son permis, un peu poussé par moi, sur son xj600, puis sur une R1100 pour un week-end dans le sud du côté de Marseille, ou encore, cetet unique fois, où surprise, je devais rentrer tôt du travail, et il m'avait emmenée sur les quais pour une surprise sur la concorde, un tour en grande roue, et de belles photos de cette ville étourdie de vide aoûtien.
derrière Mon Grand, qui faisait un détour pour me ramener chez moi après ma journée de stage, c'était au mois d'août aussi, et j'aimais cette large CB750four.
derrière le frère de ma correspondante allemande, qui trouvait que je serrais trop les cuisses derrière lui, pour aller au gymnasium un peu plus tard quand c'était possible.
derrière le copain de la baby-sitter, sur sa moto trail en retour de la plage, dans les chemins creux, la tête brinquebalant dans son casque trop grand, les rayures rose fluo de ma jupe incroyable flottant sur le blanc, dans le vent. (ce qui m'a valu d'être immédiatement identifiée par ma grand-mère qui a préparé le savon avant de me le passer. et je l'ai senti passer.)
il n'y a qu'au mois d'août où un copain voisin peut me proposer de venir me chercher pour faire une balade un soir, pour me laisser essayer sa nineT déjà trop customisée à mon goût, mais avec ce tac-tac au démarrage qui balance un coup à droite, à gauche. il n'y a qu'au mois d'oût où je peux me laisser aller à rêver derrière un blouson de cuir pendant que le bitume défile sous les roues. Il n'y a qu'au mois d'août où je peux prendre un grain et en rire. et me demander comment la goutte qui glisse entre mes fesses à trouver l'entrée dans le dos de mon pantalon ? et redouter que les grosses gouttes de pluie ne se transforment en grêlons. et aller boire une bouteille de vin ni rouge, ni rosé, mais italien et même sicilien, avec des tapas dans un bar où la musique aussi est bonne. Il n'y a qu'au mois d'août où ces événements peuvent survenir, se produire, s'apprécier.
il n'y a pas qu'au mois d'août que les souvenirs s'ancrent.
le mois d'août est un bon mois pour de bons souvenirs.
(ôtez moi le mois d'août 2012 please).