te croquer
quelques heures, oui, quelques heures après être enfin arrivée à la soirée, je l'ai croisé. lui, le veuf. je l'avais vu de loin, occupé à parler, j'avais rencontré d'autres personnes avec lesquelles converser, rire, manger, boire, danser... et il est arrivé, depuis derrière la scène, pendant une pause du concert. should I stay or should I go ? un sourire, "tiens, tu es là ?" je tends la joue. bise. l'autre. il m'embrasse plutôt plus haut que la joue, presque dans les cheveux, à hauteur de la tempe, je ne sais pas ce qu'il fait, se perd-il dans mes boucles, dissimule-t-il des larmes d'émotion en prolongeant cette bise qui n'en est plus une, je laisse faire, j'attends, il prend son temps et j'ai l'impression qu'il se désincarcère de cette étreinte. Il dit "je sais pas pourquoi, mais j'ai envie de ... te croquer !" (ou dévorer, ou mordre, je ne sais plus trop). je lance un regard interrogateur. les filles présentes gloussent un peu, et font des commentaires "oh ben !". il précise "pas forcément dans le bon sens, hein, oui, dans le bon sens et dans le mauvais sens."
voilà, c'est l'effet que je lui fais. me croquer, me manger, me mordre, me dévorer...
me savourer, me goûter, m'ingérer, s'approprier ma personne par, ne faire qu'une bouchée de moi, me faire disparaitre, m'engloutir, m'effacer tout en m'associant à lui, s'imprégner de moi, le cannibalisme est-il une preuve d'amour ou de haine ? les deux réunis ? voilà, un sujet pour occuper mes pensées pour les jours à venir.