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betty black
15 juin 2010

concert en trois actes et une tablette de chocolat

j'avais noté ça dans mon agenda, même si c'était déjà complet quand j'ai eu vent de leur venue jusqu'ici, j'avais noté, j'avais proposé à droite, à gauche, y a-t-il quelqu'un qui veut venir tenter sa chance pour acheter des places au black sur le trottoir ? peu de réponses réellement motivées. Seule ce soir, sans possibilité de baby-sitting habituel, j'ai appelé une collègue de bureau, une ancienne de mon équipe, une juju avec laquelle j'avais bien sympathisé en plus d'avoir bien travaillé... dis, tu voudrais pas rempiler en baby-sitting pour un soir, j'ai bien réfléchi, y'a pas grand monde à qui j'oserai confier ma fille, mais toi, oui. Elle a dit ok, un lundi soir, je m'en fous, j'ai pas grand chose d'autre à faire.

Je suis partie, à vélo, il faisait beau et presque tiède. J'ai pris la température des prix pratiqués, 100, 80, un balcon, allez, soixante. Je m'étais fixé 40, pas plus, et tant pis si je ne rentrais pas. De loin un type me lance son menton, je rétorque en levant 4 doigts, il saisit la place entre ses lèvres et m'en montre 6, je dis non en tournant la tête. Je me fais des amis, deux couples, qui cherchent des places, à 50, pas plus, ça tourne, ça virevolte, les vendeurs achètent en amont, revendent, tournent, nerveux, tous travaillent ensemble, le trottoir leur appartient. Un type sort de la salle, il a le look du gars propre sur lui qui sort du boulot après avoir des études de bon élève studieux, il vend une place en mezzanine, première catégorie, à côté de lui, il est installé, premier rang, vous serez assise à côté de moi, j'y suis avec ma copine, allez 50, c'est donné. non, désolée, je n'ai que 40 --- j'suis nulle de chez nulle en négo. Le couple avec la blonde qui fait la gueule pensant que ça lui donne un genre me dit après, à 50 ça valait le coup, j'ai dit tant pis. c'est eux qui me retiennent encore un peu pour que je patiente, l'autre couple a acheté ses deux places à 50, eux, ils veulent les acheter moins cher maintenant, ils attendent, ça va baisser, les prix ont commencé à 200 les deux, ils veulent attendre. Un autre type me redemande si je cherche, à combien, il me dit, là mon pote il a une place, attends, le pote, c'est un type qui me l'a proposée et qui la cède à 50, pas moins. Finalement, on fait affaire à 45, je sors les pièces. Le vendeur tente un "je vous offre un verre après ?" je souris, l'entremetteur lui dit "allez, c'est pas comme ça, tu lui offres la place d'abord !", je repars avec mon sésame.
Je m'installe en mezzanine, à côté du type aux carreaux propres sur le nez et rayés sur sa chemise, et de sa copine. Il m'a reconnue. Il me demande "combien ?" j'annonce 45. Il ne s'est pas fait une thune, c'est le prix qu'il l'a vendue.

Un drap blanc devant la scène. Lumières. Ombres chinoises sur le voile qui oscille. Dieu que c'est beau. Même si je suis athée. L'esthétique est tellement magique, cette silhouette courbée sur la basse, dégingandée, l'autre qui joue, leurs ombres qui se superposent, c'est magnifique.
Le voile tombe, ils sont trois sur scène, leur prestation est très bien réglée, c'est vraiment bien, certains j'en suis sûre diront "trop lisse, trop formaté, trop parfait, ça n'a pas empêché les larsens, et puis le problème sur sa guitare, ils sont jeunes, hein, ça se voit, mais talentueux, oui, talentueux, ça fonctionne bien"
moi, je m'en fiche, je suis là et pas là, je suis transportée, je tombe amoureuse de cette silhouette, ce grand échalas courbé sur sa basse, j'ai envie d'être une guitare à 4 cordes, je trouve l'atmosphère sensuelle comme jamais, j'ai des flash-backs d'époques lointaines qui reviennent, réminiscences d'adolescence, je suis là et loin en arrière, je ne sais pas pourquoi, je pense aux La's, je me laisse porter, tout ça me parle de frissons, de peaux effleurées, de frôlements de poils hérissés, d'échanges tièdes, d'haleines retenues, de caresses timides sur cheveux lâchés, de doigts qui parcourent des épidermes tremblants, ouh là, ma fille ressaisis-toi, tu vas mouiller ta culotte !

Un seul rappel, la même chanson, une version différente, tout prévu, un éclairage différent, encore gardé secret. Rien de plus. Je sors, la nuit est tombée. Passage piétons, double. Deuxième partie, l'homme à ma gauche va vers la droite, je vais vers la gauche. Nous nous croisons. Les regards aussi. Je n'ai pas rechaussé mes carreaux sombres. Il a un geste de la main. Un geste pour dire "n'y vois rien de mal, je ne cherche rien, tout va bien, je suis bien, il fait bon ce soir, je rentre seul et c'est bien comme ça". Je souris. J'ai compris. Il a compris. Nous sommes dans le même état. Du moins j'aime à le croire.


Et... j'ai fini ma tablette de chocolat ! (celle entamée hier, et celle entamée ce soir !)

Et... Luciole s'est endormie d'un coup d'un seul dans les bras de la baby-sitter qui faisiat chauffer son biberon.

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Commentaires
B
-> flodic<br /> est-ce que ça a réellement une importance ? -- je plaisante --<br /> The XX
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F
Ouaaah, mais c'était qui ce groupe?
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