déprime de gâtée
voilà, c'est le mois de juillet, et je n'ai rien à faire, et je ne trouve le temps de rien faire, mes journées passent trop vite dans du rien, et ça commence à me courir, je fais du rien, du pas grand chose, je néglige tout ce que j'ai à faire, je sais, je ne suis productive que sous la pression, mais tout de même, faudrait que je change cette mauvaise habitude de passer une nuit blanche la veille de tout départ en vacances.
tout se passe bien, trop bien, ou presque,
ici et là, des frères de grand-mère hospitalisés, en urgence, l'un est bien mal en point, question d'heures, de jours, l'autre a eu une belle alerte et s'en sort avec un morceau d'intestin en moins,
pourquoi, pourquoi je n'y arrive pas, pourquoi pourquoi je m'abandonne dans ces délices de procrastination, pourquoi, pourquoi ça ne sort pas, pourquoi pourquoi suis-je comme ça ?
j'ai eu la réponse, faut que je finalise mon dossier, pourquoi pourquoi ne suis-je pas si enthousiaste ? je sais un peu mieux ce qui m'attend, je me demande si c'est bien ce que je veux, je me soule, moi et mes tergiversations, j'en ai assez de mon cerveau ramollo, j'en ai marre de ne rien faire de satisfaisant à mes yeux, j'en ai assez de cet état de femme trop gâtée, et pourtant, j'ai peur de ne pas me remettre en selle, j'ai peur de ne pas arriver à activer tout ça, les neurones et le reste, j'ai peur de tous les efforts à fournir, je redoute la fatigue et le sentiment que je connais si bien "je ne vais jamais y arriver",
je dors seule depuis deux nuits déjà, luciole tente de me rejoindre, je la remets dans son lit en pleine nuit, les copines de longue date ce soir m'ont demandé "et tu vas l'allaiter encore longtemps ?" je ne sais pas, je ne sais pas, l'été probablement, faudra-t-il que j'en vienne à ne plus dire que je l'allaite, le délai socialement accepté est-il déplacé ?
j'ai besoin de mots (de maux ?), pour aligner tout ce que j'ai à sortir, ils me font défaut, l'ébauche est en cours, je trouve ça nul, non pas nul, pire.
luciole marche comme un crabe, elle ne pose plus le genou gauche à terre, ça va plus vite ainsi, elle crapahute sur le plancher, sur le carrelage, elle claudique un peu, elle est tellement gracieuse, tellement sourire, petit-lion va bien, très bien, il est charmant, et sait y faire, il chante et lit ses livres seul, il regarde la montre pendant la sieste, jusqu'à l'heure indiquée pour se lever, il m'attendrit, et m'agace aussi, terrible la fatigue, je me suis recouchée deux fois aujourd'hui, deux fois pour reprendre un peu d'énergie, deux fois pour perdre cette agressivité, cette méchanceté qui me déborde lorsque je suis exténuée, comme je déteste ma violence, je crois qu'il faudrait que je songe à reprendre un peu de boxe ou un autre sport un peu défouloir dès que possible,
avec les copains, on s'est dit en septembre, une petite virée en bécane, ça serait sympa, je me propose pour la logistique, comme d'hab, pas la peine me rétorque le plus récent, méfie-toi mon gars, on parle pas d'une virée à 3 motos, tu vas voir, les effectifs grossissent vite, allez sors tes doigts et ajoute tes potes, les miens, les siens, tu vois : première estimation : la douzaine ! première étape, demain au déjeuner, soudoyer rocket III pour qu'il me prête sa street triple.
il faut que je m'attaque à cette pile de papiers sur le bureau, il faut que je m'attaque à cette pile de linge devant la machine, il faut que je m'attaque à cette pile d'idées dans mon cerveau.
j'ai envie de me secouer, et je n'y arrive pas, sur le panneau près du feu ce soir, était inscrit "demain soleil voilé 19 à 34°C", j'aime rouler la nuit dans cette ville, j'aime la nuit... si seulement.
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