baby blues ?
bon, je crois que ça y est, je suis dedans, depuis un moment, dans un état loin de l'ohio, mais tellement proche de tout ce que je n'aime pas,
tout est difficile, tout est pénible, tout est lourd et pesant, ça commence à s'installer chez moi, ça commence à durer un peu, je crois qu'on y est,
j'ai envie de rien, j'essaie, j'essaie, la piscine, les rendez-vous, le cinéma, le rangement, les activités, les occupations, les copains, les copines, la moto, les voyages, les week-end,
je suis tellement privilégiée que j'ai honte de me plaindre, franchement, j'ai tout dans les mains, tout pour moi, et je fais la gueule, je trouve mes journées longues, je n'apprécie pas vraiment d'être avec mes gosses, qui sont charmants, en plus d'être normaux, j'ai la santé, un amoureux que j'aime, la possibilité de ne pas travailler pendant un an, du temps devant moi à ne plus savoir qu'en faire et justement, je ne sais plus quoi en faire, à croire que je ne suis efficace que sous la contrainte, dans l'esquive des difficultés, dans l'agencement in extremis de solutions insolubles et complexes,
je me demande quand est-ce que tout ça se termine, quand est-ce que je ris de nouveau, où se trouve mon optimisme ? où se trouve ma légèreté ? où est partie mon énergie ? j'aimerais retrouver le modjo qui me fait planifier 25 000 activités, en réaliser 25 762, et trouver ça tellement simple que c'en est déconcertant pour les plombés de la vie, je me plombe, j'ai mis du lourd dans ma cervelle, du lourd dans mes semelles, et je ne peux même pas dire que c'est le boulot qui fait ça, je ne travaille toujours pas,
me voici face à moi, à mon rien, à mon absence de désirs, moi, la comblée, la trop comblée par la vie, et en plus je trouverais le moyen de me plaindre, de geindre, de soupirer, non mais, vous y croyez, vous, deux claques dans sa gueule et tout ira mieux ! moi, j'vous l'dis.