ils dorment

chacun dans leur lit, mes petits, ils dorment, il est huit heures et demi,
je veux aller me coucher tôt,
je lance la teinture dans la machine,
je bricole une petite salade,
je ne veux pas aller me coucher sans sommeil à 2h30, pas cette nuit,
ce soir, je suis seule, avec mes deux petits qui dorment, et la machine qui tourne, avec le produit colorant dedans, j'ai mis du gris et du beige, je voulais un taupe, la première tentative a échoué, j'ai choisi une autre marque, à travers le hublot, je pense que j'ai perdu 12 euros à acheter de la teinture beige, tout semble bien gris dans le tourbillon de linge mouillé, ce sera gris, tant pis. C'est bientôt la nuit, c'est déjà la nuit, je n'ai plus de bon chocolat, il me reste encore un peu de tisane, et des tas de compliments pour les yeux de ma fille, encore des clichés où elle se marre, hilare, diffusés sur la toile, à côté des yeux si noirs de son grand-frère, do lagat du, do lagat glas, que j'ai pu entendre ces mots dans la bouche de mes grands-parents, surtout do lagat du.
du, le piano, je ne sais pas comment on dit piano en breton, piano certainement, le biniou c'est autre chose, piano du, il sera peut-être bien noir au final, en achetant de l'occas', on ne peut pas trop choisir la couleur, je voulais du blanc, même s'il parait que c'est bien kitchouille et associé à un musicos de variétoche dont j'ai oublié le nom, ce sera peut-être noir, j'ai vu un steinway, en bois, magnifique, je l'ai touché de mes mains, c'est très très cher, et très beau, j'ai parlé de la guitare, après avoir expliqué que je trouvais ultra sexy les mains d'un homme sur des touches noires et blanches, autant qu'une fille avec une gratte, il me disait, une fille qui joue du violoncelle en bermuda et collants sombres sur de hauts talons, ça a aussi un potentiel non négligeable sur l'échelle de la sexytitude absolue.
la machine a fini de tourner, je vais laver le linge teint, surprise demain matin.