l'anniversaire du mort

Jeudi... encore et toujours le jeudi. J'ai apporté un croissant. pour la première fois. et sans me l'expliquer. je l'ai fait. maintenant je sais. le croissant. celui qu'il allait nous chercher tous les matins. chez le pâtissier du coin. M. Gaudin. Et l'orange pressée. Par ses mains. Parce qu'on ne mangeait rien. Sauf le croissant et l'orange pressée. Que je me presse tous les matins. Avant le réveil de celui qui fabrique les croissants. Il n'y a pas de hasard. Je lui ai offert un croissant.

et ce jour-là, j'ai zappé dans mon agenda. je ne suis pas allée au séminaire qui m'ennuyait. Acte manqué s'il en est. Je ne l'ai réalisé que lundi. par l'intermédiaire de celui à qui j'ai offert le croissant. Il n'y a pas de hasard. Je lui ai demandé de changer l'horaire, et j'ai relu l'agenda, je m'étais trompée. cette semaine, et la semaine passée. trompée. eue.

et il a lâché le mot deuil. alors que je m'accrochais à la séparation. et à mon "chez moi". j'ai laissé passer.

et cette phrase qui m'a agacée ce matin. c'est parce qu'il commençait à être malade que tu n'es pas bien en ce moment. "t'as rien compris" ai-je marmonné en mon for intérieur. puis j'ai réfléchi à cette réaction. je ne fais pas ces études seulement pour les autres. cette réaction vive, oui, celle-là, cette agressivité, pourquoi la lancer sur l'autre, ainsi ? dégage l'arbre, tu verras la forêt.

et bing ! le 17, le 17, c'est l'anniversaire de celui qui n'est plus depuis presque 6 ans maintenant. Et moi qui prétend oublier les dates d'anniversaire, ne jamais les savoir, ne pas parvenir à les mémoriser pour m'en souvenir le jour approprié... n'empêche que, inside me, il y a un petit démon qui veille et se rappelle pour moi, et m'empêche et s'amuse de moi, le jour où j'aurais du avoir une pensée pour celui qui n'est plus.