de la rivalité

Celle qui était assise à côté de moi aujourd'hui, elle l'a senti aussi, ce mouvement de recul ou d'agacement, cette ébauche de retrait ou d'évitement. Cette attitude impalpable mais perceptible qu'elle a adoptée au moment de nos salutations.

Je ne pouvais pas ne pas aller la saluer, c'est ma responsable. Elle tient en son pouvoir mon diplôme. Je ne sais pas si elle le sait, mais moi oui. Elle m'avait conseillé d'aller à la conférence, et elle a bien fait. Elle savait qu'elle allait m'y croiser.

Je raconte ensuite à ma voisine les désagréments récents, les anecdotes pas si anodines, les situations étranges.

Et elle me dit, avec des précautions dans la tournure de ses phrases, quelque chose qui se résume à "tu sais, il y a un truc qui saute aux yeux, malgré tout, j'ai tout de suite pensé à la rivalité, regarde comme elle est habillée, enfin, tu viens pas à une conférence où tu vas voir du monde fagottée comme un sac. Tu es mille fois plus jolie qu'elle, bien plus féminine, et ça, ça peut poser problème."

Je me dis que j'ai bien souvent tendance à oublier ça, ce que je suis pour les autres, ce que je représente, ce que je dégage. Y penser plus souvent, et se souvenir que être dans un certain standard esthétique peut avoir des côtés défavorables.