ce soir

Ce soir, j'ai la solitude malheureuse. Je ne vais pas me plaindre, les enfants sont adorables, je suis tranquille chez moi et je ne fais rien, je n'apprécie plus autant qu'avant de sortir, je n'ose plus, je n'ai plus envie, je ne sais pas. Je me douche, j'adore l'eau froide sur les jambes. Je dine seule. Je crois que la grille ne correspond pas aux définitions. Je retrouve la salade peche blanche-groseille oubliée depuis hier dans le frigo. J'écoute de la musique. Je me suis demandée qui appeler. Personne. Ceux que j'apprécie, je n'ai pas envie de les importuner avec ce nuage noir installé au-dessus de mes méninges. Ceux que j'apprécie moins, j'ai pas envie de leur parler. Je me trouve seule et isolée. Je ne fais pas grand chose sauf attendre que la fatigue me saisisse et m'emprisonne jusqu'à la libération de la position horizontale. J'aimerais tant autre chose. J'aimerais rire autant que Luciole. De tout, de rien, toujours. Je vais enlever le vernis écaillé sur mes ongles. J'aimais bien, mais ça fait négligé à mon âge. Comme ce pantalon que je suis retournée essayer. J'ai menti à la vendeuse. Pourquoi je ne l'ai pas pris la première fois ? Parce qu'il fallait que je consulte auprès de mon banquier le niveau de mon porte-monnaie. Non, en vrai, parce que, même s'il me va bien, cela fait 20 ans que j'ai passé l'âge des "teens" et, même s'il est bien, oui, ça fait quand même très ado. M'en fiche, j'ai acheté une paire de bottes d'hiver la semaine dernière, et je les porterai avec mon kilt trop court. Ou avec mon short en velours.

Mais pas ce soir.