aujourd'hui...

aujourd'hui, et depuis hier, Grand-Mère est enterrée.

Pour la rime, j'ajouterai bien "pour l'éternité",

mais je sais que ça ne peut être que pour un certain nombre d'années.

Je m'offre le luxe d'aller chercher ma fille à l'école. Une rue est bloquée par des camions de télé. C'est du direct me répond-on lorsque je demande si je peux passer. Euh... moi aussi c'est direct, vois-tu, poulette ? Je passe sur le trottoir. Une estaffette de poulets qui se prennent pour des sardines dans l'huile d'une boite attendent plus loin. Au milieu de la rue, un attroupement. J'hésite à rebrousser chemin, faire un détour, changer d'itinéraire. Je poursuis. Une piétonne me trace la route dans la foule. Je la suis. Plus loin, des flics au croisement, l'un d'eux parle au conducteur de la camionnette qui vient de s'engager. J'adresse la parole à un autre près de moi. Vous pouvez me dire ce qu'il se passe ? C'est à cause du meurtre des trois femmes, il y a deux jours. Hum. Il serait peut-être temps de reprendre contact avec l'actualité du monde. Ce soir, pendant que j'écris, j'entends des clameurs et des cris, depuis la rue où 3 femmes sont mortes. Par balle.

Grand-Mère est morte dans son sommeil. Mon seul regret est qu'elle n'ait pas pu s'éteindre chez elle, dans son lit, dans sa maison bâtie sur le terrain que son père lui avait offert.