humeur estivale

L’été ce qu’il y a de bien, quand tu es loin de tout et de tous, c’est que peu importe que tu maudisses le type à qui tu as confié ta tête avant de partir en désespoir de cause, personne n’y fait attention. Pas de rendez-vous possible chez le coloriste très très cher, très bavard, mais très doué. Alors que tu voulais couleur et coupe. Pour la première fois, tu étais résignée. Celui qui t’avait coupé les cheveux l’année passée et t’avait presque réconcilié avec les indomptables boucles qui hantent le sommet de ton crâne n’avait pas donné signe de vie malgré tes relances. De mémoire, tu l’avais sollicité par mail, des siècles après, il t’avait répondu «désolé, je mets des siècles à répondre… quand es tu dispo ? » tu avais répondu, et puis plus rien. Tu avais tenté encore ta chance. Et puis, silence radio. Et parfois, il faut savoir entendre l’absence comme un refus.

Je ne comprends toujours pas les gens qui ne savent pas refuser. Même poliment, de façon légèrement détournée, un refus, ça ne se refuse pas. Il n’a pas refusé, il a juste laissé passer le temps. Et comme je suis patiente, j’ai attendu. Pour rien, en vain. Alors, j’ai tenté de prendre rendez-vous. Ailleurs. C’est que monsieur devait être très occupé. Sur sa tribune d’expression libre (un blog, comme c’est original, sur lequel il apparait toujours aussi charmant, attentionné, drôle), il a posté qu’il en avait assez de toutes les sollicitations pour une coupe de cheveux. J’avais déjà jeté l’éponge. Là, au cas où je n’aurais pas compris, c’était écrit. J’ai suivi les conseils trouvés sur un autre blog. Pour une couleur. Et j’ai ajouté une coupe de cheveux. Et j’ai demandé un brushing. Tant qu’à se jeter à l’eau, autant tenter le grand bain direct. Si je dois me louper, que ce soit en beauté. Je ne me suis pas loupée, mais le coupe-tif si. Et pas en beauté.

Le brushing était tellement raté que le lendemain matin, je le lavais. C’est la première fois que j’efface aussi rapidement le travail de quelqu’un. Quand c’est moche, c’est moche. Et là,, les cheveux mouillés, je me suis rendu compte que c’était coupé. Coupé court. Juste de quoi les attacher. Merde. De chignon boule sur le sommet du crâne, il me reste de quoi faire chignon bille sur la nuque. J’aime lancer les tendances.

Parce que si je ne les attache pas, avec cette longueur, ce que j’avais annoncé comme étant le pire qui pouvait m’arriver, c’est la tête de caniche. Comme le monsieur soit disant professionnel savait ce qu’il faisait, et qu’il m’avait bien écouté, il a fait des crans. Non, pas un dégradé, autre chose, pour ne pas faire caniche. Hum, hum. Soit. Ce n’est pas caniche. Ça fait un peu plus sphinx que caniche, je peux l’accorder. Dans les deux cas, c’est raté. C’est moche. C’est ma tête.

Je me dis que pendant un mois c’est moi qui tiens l’appareil photo. Que pendant un mois, je me terre en province, la tête sous un casque ou un bonnet de bain. Que pendant un mois, mes enfants n’y prêteront pas attention. Quant à l’homme, je ne sais pas s’il me voit en ce moment. Tout porte à croire que non. Ceci est un autre sujet. Revenons à la capillarité bouclée.

J’évite les glaces, les miroirs, les surfaces réfléchissantes. Quand je rentre de la baignade, je ne vois que le bourrelet au-dessus de la culotte de maillot à gauche dans le reflet de la porte vitrée d’entrée de la résidence. Et j’ai accepté les couleurs choisies pour mon anniversaire. Je me suis fait une manucure d’été. Façon YSL. Rose fuchsia et rouge pop. Rouge pop sur les pieds. Rose fuchsia sur les mains sauf l’ongle de l’annulaire, en rouge pop. Maman, pourquoi celui-là, il est rouge ? Pour faire parler les enfants. Parce que la veine qui part de ce doigt remonte directement au cœur. Pour détourner l’attention. Cocher la mention inexacte. Plusieurs réponses sont correctes.

Ce ne sont pas mes couleurs. C’est vrai. Ça fait causer. Celle qui m’en parle me dit que quand elle était plus jeune, elle portait beaucoup de cette couleur, parce qu’on lui disait que ça allait bien avec la couleur de ses yeux. Qu’elle a fort bleus. Je lui ai fait remarquer qu’il me manquait quelque chose justement pour que cette couleur m’aille aussi bien qu’à elle. Je garde les ongles pop et rose, je me dis que la prochaine étape consistera à m’acheter du bleu turquoise pour mettre en ombre à paupières, et je pourrai ressortir ma perruque de soirées estudiantines, celle blonde platine, qui me donnait de faux airs de France Gall. Elle doit être tout aussi défraichie que moi. Je suis parée pour postuler à l’élection de la miss camping catégorie senior.

J'ai pris rendez-vous mardi 3 avec mon coiffeur hors de prix.