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betty black
26 août 2013

les murs de pierre sèche

ou les murs de pierres sèches ?

 

maman, t'as les mains sec ?

sèches, les mains sèches.

elle n'aime pas les mains mouillées, humides.
Comme je la comprends, je déteste aussi sentir des mains mouillées sur moi, même sur mes vêtements. À moins d'être dans l'élément liquide ou d'en sortir, bref, d'être aussi trempée que les mains de l'autre.

 

En partant au volant, je regarde ces paysages dans le soleil couchant. Ces paysages que je connais, que je reconnais, et qui me sont si étrangers. Je n'ai pas assez vécu ici, je n'ai pas de souvenirs ici, il n'y a pas de ma vie ici, juste des instants, des passages, un jour par ci, un jour par là, cette maison n'est pas investie. Elle est pourtant belle, elle a quelque chose, mais rien à l'intérieur ne m'y attire, je ne l'aime pas, je ne sais pas si je l'ai jamais appréciée, je m'en foutais, ce n'était pas pour moi, c'était le choix de mes parents pour leurs vieux jours, et j'étais déjà adulte pour savoir que cela ne me regardait pas, ce n'était plus ma vie, mais juste la leur dont il s'agissait, alors, cette ruine à rebâtir, ma foi, peu importe. Elle va être vendue. J'ai pris des photos, une commande, une demande expresse. Rien, pas de sentiment. Et pourtant cette impression qu'il ne manque pas grand chose pour que ce lieu devienne quelque chose.

J'ai étalé les premières couches de photographies anciennes, j'en avais oublié certaines. Elle m'a montré une série de portraits d'une blonde habillée, en me demandant si je la connaissais. Non. Elle s'interroge. C'était dans les affaires du défunt. Un mystère ? Ou juste une récupération de photos, même pas olé olé, d'une fade inconnue ?

J'ai retrouvé des puzzles que j'avais oubliés, j'en ai donné à ma fille, mes préférés. Quatre petits carrés aux dessins simplistes, rouge, bleu, vert, blanc, cochon, canard, chevreau, chat, et une grosse épaisseur de carton. Je les ai récupérés pièce par pièce dans une montagne d'autres pièces de puzzle et de lambeaux de peaux de bêtes mitées et tombant en lambeaux, de la poussière et des restes non identifiés de bestioles.

J'ai repoussé tous les livres. J'ai invoqué l'odeur. Impossible de lire un livre avec cette odeur de grenier moisi sous le nez. Convoque un bouquiniste, il sera ravi.

Le grand, sous l'injonction de la petite, a jeté une pierre de dallage pour la casser. Cinq morceaux sont nés avant que je n'intervienne. Cette pierre jaune et friable du coin, celle des murs qui bordent les chemins, ces murs de pierre auquel je trouve un charme fou et qui malgré tout ne me trifouille pas les sentiments nostalgiques.

En quittant ce lieu, j'ai regardé les maisons, leurs murs jaunes, dans la lumière rasante du jour tombant. Une beauté indéniable. À mon coeur étrangère. Une beauté de carte postale. Insaisissable par mon âme.

 

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Commentaires
L
Purée ce que t'écris bien miss Betty Black, il semble faire triste dans tes derniers billets, mais çà reste beau, touchant, émouvant.....Merci.
Répondre
L
Purée ce que t'écris bien miss Betty Black, il semble faire triste dans tes derniers billets, mais çà reste beau, touchant, émouvant.....Merci.
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