Déclaration au sommet

La barre rocheuse était en vie, un peu plus haut. Ils venaient de dépasser la dernière ferme. Ils ont tourné après l'abreuvoir et poursuivi l'ascension. Lui devant, elle derrière, en cadence, les pieds gauches qui se lèvent ensemble, les pieds droits dans le même mouvement, le rythme soutenu, ils ne faisaient qu'un, une machine à grimper, une deux, une deux, ils évoluaient harmonieusement dans tout ce blanc, l'une derrière l'autre, ils avançaient, de leur démarche légèrement mécanique, parfaitement huilée, entre le félin et le robot, une belle chorégraphie que leurs mouvements accordés.

Il s'arrêta, là-haut, sur le promontoire qui lui servait de point de vue sur l'ensemble de la vallée, sur cette petite pointe qu'il affectionnait, il songeait à toutes ces heures où il avait contemplé les montagnes alentours, assis sur cette roche. Il ne se retourna pas quand elle s'arrêta à côté de lui. L'émotion le débordait. Malgré lui. Les flots commençaient leur crue. Des larmes perlaient. Il ne se retourna pas, même après ce temps de silence qu'elle respectait. Il ne se retourna pas quand il dit "Ici, il y a tout ce que j'aime. La nature, ... ces montagnes, ... , et toi."