c'est dans le prisme que tu as dans l'oeil

je ne sais pas si c'est moi qui dégage ça, ou si c'est sa façon de voir, mais elle a confié qu'elle se faisait du souci pour moi, elle lui a dit "je crois qu'elle est au bord du burn out". j'ai ri, incrédule. il l'a remise un peu à sa place. je lui ai rappelé que si on avait cru toutes ses alertes alarmistes, j'aurais déjà du enterré 53 fois ma grand-mère, et ma soeur est au moins morte trois fois d'un cancer de la thyroïde.

moi, au bord du burn out ? non, mais tu m'as vue ? oui, c'est difficile de tenir plus d'un an dans une société où on t'a dit qu'on te licenciait, et que tu attends ça, rien que ça, sans prime, sans chèque, sans parachute doré, rien d'autre que le droit de bénéficier d'une aide pour créer ton entreprise, et avoir le droit à l'erreur, te planter sans que ce soit ta vie qui soit en péril, juste ton projet.

j'ai une forme physique proche de l'excellence (rapport 'âge - activité sportive - alimentation gourmande' considéré), j'ai un moral d'enfer, une libido au taquet, des neurones en bon état de marche, un appétit de vivre certain, des proches qui se portent bien et qui réussissent avec facilité. alors, oui, des pressions au travail, quoi de plus normal ? ils essaient de m'avoir à l'usure, de me faire craquer, que je donne ma dém', oui, mais c'est la règle du jeu, non ? t'es pas contente, tu t'en vas, oui, mais non, je voudrais juste un coup de pouce, allez, dis quoi... bref, rien de grave. et après, plus d'emploi ? ben non, plus d'emploi salaréi, mais du travail en veux-tu en voilà, et peut-être que j'en vivrais mieux au final, si j'essaie pas, je ne saurai pas.

je me rends bien compte que je suis la mauvaise fille, maman, j'ai divorcé, ça ne se fait pas, j'abandonne un emploi salarié de cadre dans une grande entreprise, ça ne se fait pas, je vais avancer toute seule, avec un diplôme que j'ai obtenu sans ton soutien financier, contrairement aux premières études... ce que tu m'as rappelé si inélégamment récemment, je sais, je suis la mauvaise fille. mon premier enfant, hors mariage, je sais... et en plus je venais de divorcer du premier, je sais... maman pardonne moi de ne pas tout faire comme il aurait fallu que je fasse pour qu'à tes yeux, ce soit comme il faut. pardon maman, mais je n'ai plus assez de temps pour vivre autrement ce que j'ai à vivre, j'ai juste envie de le vivre pleinement, pour moi, pour ceux que j'aime, je ne peux pas t'apprendre ça, et je le regrette, tu peux encore trouver ça par toi-même, mais je ne peux pas t'aider, pardon maman de ne pas te donner satisfaction. pardonne moi, tu verras, ce sera plus simple pour toi.

et... pourvu que tes confusions ne soient que passagères, car tu m'inquiètes. faudra-t-il bientôt envisager une mise sous tutelle ?