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betty black
30 octobre 2014

de l'oisiveté

je regarde la ligne bleu plus sombre au fond de la piscine. j'enchaine les longueurs. je compte 123 123 123 puis 234 234 234, 345 , 456, 567, 678, 789, 89 10, au mur je marque mentalement un doigt de la main gauche, une dizaine, au bout de 5, on changera, 9 10 11, 10 11 12, et 123 123, 234 234... tous les trois temps, j'inspire, la tête sur le côté, pour le reste, je scrute la ligne au fond. quand ma main gauche n'a plus de doigt disponible pour les dizaines, je reprends le compte, avec une planche devant, 51, 52, 53, un chiffre de plus à chaque retour, je fixe le fond de l'eau, la ligne bleue, je sens le soleil qui ne chauffe plus assez, je suis la pluapart du temps seule dans ce bassin à ciel ouvert, parfois des enfants sautent dans l'eau, se poursuivent dans des éclaboussures, parfois une femme plus âgée nageotte gentiment la tête hors de l'eau, une fois, deux types, l'un plus jeune que l'autre m'ont encadrée, le temps d'une longueur, à se demander s'ils voulaient mesurer leurs bras à mes palmes, j'ai gagné, sans même forcer. et puis je pense, ou plutôt j'essaie de ne plus penser 345 inspire 345 inspire 345 inspire 345 je m'hypnotise sur la cadence tac demi tour 456 inspire 456...

ce jour là, j'ai réfléchi, sur l'oisiveté. ça me pose problème. comment apprécier l'oisiveté ? sans culpabilité ? comment puis je apprécier intégralement le fait d'être en train de nager dans une piscine fabuleuse en bord de mer sous un ciel radieux après un déjeuner en terrasse suivi d'une sieste avec mon amoureux pendant que les enfants sont confiés à une fille sérieuse et sans avoir rien d'autre à me soucier que juste d'être là et savourer, parce que même le futur est splendide et que rien ne pourra le modifier parce que je ne sais pas de quoi il est fait mais quoiqu'il en soit, il sera beau et bon, et fort de tous mes souvenirs heureux, de ma félicité présente et abondante.

pour me punir de tout ça, je me suis forcée et efforcée de finir le dernier ouvrage d'emmanuel carrère. hum. j'ai bien aimé l'épilogue, terminé trois jours plus tard.
comme quoi, je ne suis pas encore tout à fait au point pour l'oisiveté.

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