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betty black
19 novembre 2014

un crocodile ?

Je suis allée dans le magasin indiqué. il fallait aller au numéro 53 de la même rue pour trouver ce que je cherchais, en face de l'arrêt de bus. J'y suis allée. J'ai demandé au jeune homme brun moustachu barbu derrière son comptoir ce que je cherchais, approximativement disons. Il m'a indiqué un bac, j'ai commencé à feuilleter les ouvrages. Pas très convaincue. Un collègue s'est approché de moi. Très près, trop près. pour répondre à une question. c'est vraiment pour débutant, ça ? avais-je demandé en montrant un recueil. Et puis j'avais demandé où trouver des partitions d'un seul groupe. On m'a indiqué le bac à l'entrée du magasin. Je suis retournée feuilleter. Soudain, je l'ai senti contre moi, trop près, à me toucher le bras, la hanche pratiquement. je me suis écartée, décalée, un peu surprise, c'est moi qui délires, ou le type, là, il respecte pas les distances de la bien séances. Il était un peu mielleux. Je n'ai pas souvenir de l'avoir regardé dans les yeux. je fuyais. c'était bientôt l'heure de la fermeture, en regardant ma montre, j'ai dit qu'il faudrait peut-être que je me dépêche, il a répondu que c'était bon, j'avais le temps. ou peut-être que ça c'est arrivé avant que je ne demande pour les autres partitions. je ne sais plus trop bien l'enchainement des épisodes. je me souviens que j'étais sur mes gardes. sur le qui-vive. le jeune homme brun barbu moustachu est parti. J'étais à regarder dans le bac près de l'entrée quand j'ai réalisé que le gars fermait les rideaux. vitrines et portes. stores verts, opaques. ne pas paniquer. tout va bien. peut-être que c'est à ce moment-là qu'il est venu trop près de moi. oui, sûrement, certainement. je ne sais plus trop ce qui s'est passé ensuite. je sais que je ne voulais pas croiser son regard. qu'il m'a demandé l'âge de mes enfants. j'en ai profité pour lui retourner la question : avait-il des enfants ? oui, une fille, un an. le plus bel âge a-t-il ajouté. j'ai réglé mes achats en même temps que cette conversation. ah, j'ai oublié de dire aussi qu'il a dit quelque chose et que j'ai répondu merci. et qu'il a ajouté "vous êtes très charmante" de son ton sirupeux. et que j'ai marqué un silence. et que j'ai dit merci en tournant la tête pour prendre sac et porte-monnaie. je me suis sentie salie. par la promiscuité qu'il m'a imposée. alors que nous n'étions pas dans un métro bondé aux heures de pointe. je me suis sentie seule. dans cette boutique qu'il fermait. je me suis sentie désorientée. par l'invraisemblance de la situation. est-ce que c'est moi qui affabule ? qui me croira si je raconte ce truc ? et après tout, il ne s'est rien passé. je suis même prête à minimiser le fait de la distance trop faible entre nous qu'il a imposée. je suis même prête à oublier le compliment "vous êtes charmante". je suis prête à oublier mon statut de victime juste parce que je suis sortie de là, indemne, ou presque, juste un peu abîmée à l'intérieur, une petite tache de pas grand chose, qui ne se verra pas, t'inquiète, même si elle ne partira pas au lavage par les larmes. je sais que j'étais prête à bondir. comme je l'ai raconté ce soir, je crois que j'ai pensé à que faire, porter un coup vite et bien. on m'a rétorqué "tu pouvais juste donner un coup de semonce" non, une fois j'ai juste giflé, et j'ai reçu un pain qui m'a assommée. non, si je dois partir au physique, j'essaierai de frapper juste et fort, ... après, s'il peut encore, on discutera. je me suis sentie obligée de préciser après mon récit que je n'étais pas habillée provoc', j'avais pas une robe courte sur dim up et bottes, non, un jean, de grosses bottes, un débardeur, un foulard tête de mort, et deux sacs, un à main, l'autre de sport, non, rien dans ma tenue, et je sais que rien dans mon attitude ne pouvait laisser imaginer un pouillème d'ouverture à cet avorton. et pourtant. je me suis trouvée seule dans une boutique fermée à clé, les stores sur les vitrines baissés, avec un petit homme qui m'a serrée collée d'un peu trop près à deux reprises, et dont il a fallu que je me dégage, qui m'a fait un compliment, qui pouvait être aussi une invitation. qui est la victime ? qui est le coupable ? il ne s'est rien passé. il n'y a rien à dire, rien à voir, circulez. pourquoi même en parler finalement, pourquoi l'écrire ? il n'y a pas mort d'homme ! non, mais un peu de femme fière et féministe a été écorné. et combien de cas comme celui-ci se sont déroulés dans cette boutique ? que puis-je faire pour que cela ne se reproduise plus ?

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