rêverie sur planche

de l'eau salée dans les cheveux, le soleil qui chauffe, les cheveux en désordre, le sel qui sèche et cuit légèrement le cuir des joues, attendre la vague, se laisser flotter, se laisser aller à la rêverie,

et

sans trop savoir comment, laisser émerger un vieux souvenir enfoui, de l'érotisme en puissance, cette sortie de piscine de résidence de cet été adolescent.

retrouver un ami, un copain qui ne laisse pas indifférente, par hasard, au détour d'une rue, dans cette ville balnéaire où je viens de débarquer avec une correspondante irlandaise très très punk. apprendre que ses parents viennent chaque année  dans un appartement d'une résidence proche avec piscine. accepter l'invitation d'aller s'y baigner. piquer une tête dans la turquoise liquide, s'allonger sur la serviette de plage, les têtes l'une vers l'autre, étaler la chevelure pour qu'elle sèche plus vite sous les rayons du soleil, placer sa main sous les cheveux éparpillés, rencontrer une main, sa main, timidement, toucher du doigt le dos de la main aventureuse qui a osé se perdre dans la forêt capillaire qui sent le chlore, se laisser effleurer, oser carresser, et ne plus respirer. ne plus bouger pour mieux sentir les peaux qui se cherchent et se trouvent du bout des doigts, sentir le soleil chauffer trop fort, ne pas bouger pour ne pas troubler l'intensité du moment, savourer, se sentir touchée, et plus que ça...

je ne sais pas ce qui a mis fin à cet enchantement. mais 30 ans plus tard, je sens encore mes cheveux en vrac, mouillés par l'eau de mer, et la morsure de l'astre solaire sur la peau, et sur ma planche au large, des flashs de ce moment magique me reviennent en vrac.