il s'est excusé

il s'est excusé, ce soir,
je pensais qu'il allait rester longtemps enfermé, et puis non, finalement, il est sorti assez vite, il m'a surprise donc, le dos voûté, le regard rentré, les hoquets de pleurs, les gouttes d'eau sur le bois de la table. il m'a carressé le dos et m'a dit quelque chose comme "pardon d'être difficile à vivre en ce moment".

il l'a dit,

est-ce que cela efface tout ?

en mettant le linge sale dans le tambour de la machine à laver -j'adore mes occcupations ménagères- je pensais à ma lâcheté - d'autres y verront du courage- à ma lâcheté de rester, d'encaisser, de continuer et de persévérer. je pensais à ma désespérante envie irréalisable de disparaitre, là, maintenant, j'aimerais faire de l'autocombustion, me trouver en un woufff falboyant, réduite à quelques secondes à un petit tas de cendre. j'aimerais basculer dans le vide, de suffisamment haut pour regretter à chaque centimètre de chute libre mon geste, et soupirer d'aise en arrivant à la phase de crash, j'aimerais mettre des cailloux dans mes poches et oublier que je sais nager, j'aimerais... fantasmes de la lâche qui sera encore là demain et après-demain, et qui assurera, comme elle peut, faisant face, n'osant plus trop rien dire, je ne parle plus, presque plus de moi, je ne termine pas ce que je dis, il ne s'en rend pas compte, il est poli, il pose des questions, il s'en fiche des réponses, il va demander "et combien c'est payé ?" je n'en suis même pas au premier entretien, de toutes façons, ce ne sera pas assez bien payé, toujours pas, et je m'en fiche, ce sera moins payé que mon ancien job, c'est la seule certitude que j'ai, et franchement, combien c'est payé, qu'est-ce que ça a comme importance, hein ?

ma vie est belle, mais parfois, putain, elle n'est pas que belle. et parfois je lui trouve vraiment des longueurs comme dans un mauvais film de duras. aprfois je me demande trop souvent "c'est quand le clap de fin pour moi ?"