03:03

Arrivée sur le paillasson de ma porte d'entrée, j'ai regardé le téléphone. 03:03. joli.

Il faisait sec, j'ai roulé dans les rues noires éclairées par les fêtards attardés.

Il faisait bon. J'ai pas été des plus prudentes. Mais c'est passé.

En sortant, j'ai demandé au couple qui descendait avec moi le petit premier étage de cet immeuble "so hausmannien", s'ils souhaitaient que j'appelle un taxi pour eux. Non, une voiture les attendait déjà. et ce vieux pote à qui je n'avais jamais adressé la parole il y à 25 ans, était vexé. Cela faisait déjà dix minutes qu'il attendait dehors un taxi. Et la voiture s'arrête mais ce n'est pas pour lui. Je lui ai dit "t'inquiète pas, je t'appelle une voiture." J'ai commandé son taxi, je l'ai laissé sur le trottoir à attendre la voiture, je ne voulais pas m'attarder avec lui. Je le sentais pas, de rester là. Un truc intuitif. J'ai senti le gars qui n'allait pas très bien. Qui se sentait prêt à tenter sa chance. J'étais venue seule. avec mon alliance, mais l'avait-il remarquée ? Il y a 25 ans, il n'avait pas osé me parler, je n'avais pas trouvé d'intérêt à venir lui causer lorsque nous étions réunis dans le cercle d'amis communs. et en fait, il y a des choses qui n'évoluent pas avec le temps. Je lui ai envoyé le texto avec les coordonnées de la voiture. Et aussi celui qui annonçait le surclassement en classe affaires. Je n'ai pas eu un merci. rien. nada. tant mieux. je ne serai pas tenue de reprendre contact.

J'ai dansé. C'est amusant de se retrouver. Nous trois. Pareilles. Sauf que j'ai des talons. La grande n'en a plus, elle a mis des ballerines façon chaussons de danse. comme ça, son mari parait à peu près de sa taille. du coup, on est toutes les trois à peu près à la même hauteur. toutes vêtues de robe noire. de coupe très différente. mais noires. et courtes. la grande a choisi un décolleté profond, impossible de rater ses faux seins. la silhouette n'est pas des plus jolies. elle n'est plus aussi jolie. à mon avis. dommage. nous deux, avec nos seins de rien, nous préférons rester ainsi. je nous trouve tellement parisiennes de refuser la chirurgie esthétique. alors que c'est ridicule comme attitude. et pas si parisien que ça, au final. nous avons dansé. ensemble. tout est revenu. comme avant. la blonde, et son sourire avec la tête qui penche un peu, les yeux verts et ses mains qui paraphent des arabesques dans l'air strié par le stroboscope, et moi, sans mes doc' sans mes jeans, mais là, entre elles, danser ensemble, encore et encore. cela faisait 10 ans qu'on ne s'étaient pas vues. cela fait 25 ans qu'on s'est rencontrées.