après le cimetière

après le cimetière, nous sommes revenues nous enterrer sous l'église, dans une salle froide, aux murs peints de couleurs scolaires. des tables, des chaises, un buffet dressé. j'ai mangé du pain et du raisin. bu un fond de verre de saint joseph et du café qui ne m'a pas assez réchauffée. on a discuté quelques heures, avec les copines, autour de cette table où nous nous sommes retrouvées spontanément. puis je suis partie avec Gégé, celle que je n'avais pas revue depuis des années, des années. elle vit dans la ville où je dois me rendre ce soir. nous ferons le trajet ensemble. nous discutons. elle a deux enfants. un homme. elle n'a pas longtemps exercé le métier auquel nos études nous destinaient. elle a arrêté sur un coup de tête et est partie en province pour suivre des études d'ostéopathie, qui lui permette d'exercer désormais un métier qu'elle aime.

la clé de la voiture ne fonctionne pas, la voiture qui doit m'emmener dans le village où je dois me rendre. alors je prends le bus, parce qu'à cette heure-ci, il y en a encore. j'arrive au village, l'homme vient me chercher, en voiture. nous allons diner. au chalet. je ne comprends pas tout. je suis épuisée. nous battons un record. à 21h30, nous sommes rentrés. à 22h03, j'éteins les lumières. fin de cette journée longue, passée ailleurs, dans un autre espace temps.

depuis, je me sens mieux. elle est partie. même si j'ai du mal à réaliser que dans le cercueil sur lequel la rose jetée par mes mains s'ets posée en travers, il y avait cette amie. même si je ne comprends pasque je ne la verrai plus jamais, que je ne l'entendrai plus, que je ne la lirai plus.

je me sens mieux, mais comme diminuée d'une partie de moi, amputée de quelque chose d'important mais de non tangible. je me sens mieux que la semaine qui vient de s'écouler. mais jamais je ne pourrais me sentir aussi bien qu'avant cette perte.