un peu trop ?

ouah, la journée. première image, dans le jour qui ne veut pas se lever, une rue désertée par la circulation, je passe, à pied à côté de mon vélo, je dépasse les flics qui détournent le flot vrombissant des véhicules, et hors de portée, je remonte en selle. L'ombre se précise, au-dessus des jeunes gens dans la rue, le long de la grande porte d'entrée, une masse, énorme, haute, anguleuse, je m'approche, ce sont des poubelles, plus d'une cinquantaine de poubelles empilées devant l'entrée de leur lycée.
Je poursuis ma route, amusée de cet événement.
L'absente du bureau des stages est fidèle à sa ligne de conduite, elle a pris les devants, elle a collé une pancarte "demain, grève des transports, bureau peut-être fermé, désolée" c'est la seule à avoir subi des contretemps pour venir ce matin, peu importe, je décolle la convention de stage du mur, je file la photocopier, et je la replace sur le mur, j'ai une convention, ça fait un mois et demi que j'en ai besoin et que ce bureau est toujours fermé.
Je bois un café au comptoir avec mon ex-, tout va bien, c'est détendu et relax, il poursuit son idée première de création d'entreprise, c'est une bonne chose, je suis fière de lui.
Je pars, je dépense des sous pour mon grand petit-lion, je ressors, sous la pluie, qui s'accentue, je suis trempée, comme rarement je l'ai été.
Je vois l'ostéo, il fait son boulot, on boit un café, je me sens épuisée, je sais que cela peut-être un effet secondaire de la consultation.
dans la rue, trois jeunes filles ado aux formes rebondies sous leur peau noire, bousculent volontairement une petite fille de 6 ans à peine qui tenait une boite dont le contenu se répand sur le trottoir, sous les yeux interloqués de sa m§re et de sa grande soeur, je traite la responsable du geste de "salope" et de "mal éduquée", et je me dis que c'est bien dommage, mais certains deviennent racistes pour bien moins que ça. Je déteste cette violence gratuite exercée sur plus faible que soi. Que cette fille soit maudite pour son geste et qu'elle en patisse le reste de sa vie. Elle aurait pu au moins s'excuser. Je ne sais pas quel effet cela peut avoir sur cette petite fille.
Je ne vois pas celui à qui je parle dans mon dos, je ne lui parle presque pas, je ne comprends toujours pas, les nouveaux éléments ne sont pas cohérents avec mon hypothèse première, je pleure encore, j'en ai assez, c'est bien que ça se termine, dans deux jours, ce n'est pas bien que cela ait commencé et que cela s'arrête aussi abruptement.
Je suis encore plus épuisée.
A posteriori, je me rends compte comme l'anecdote de la petite fille du trottoir et mon histoire actuelle se rejoignent. Je suis cette petite fille sur le trottoir, avec sa boite à trésors, exposée, fragile, et bousculée, sans raison apparente. Identification.
Je rentre, la pluie commence à tomber, je suis en train de renoncer au cours, j'ai plein de choses à faire, je vais les faire, voilà, je pousse la porte, petit lion m'accueille chaleureusement, j'entends les cris de luciole qu'on habille après le bain, je décide lâchement de ressortir aussitôt, je vais aller au cours, vite, une heure pour moi, rien que pour moi, au calme.

Et... je me demande si je ne suis pas victime une nouvelle fois de ma cécité de naïve devant l'éternel. un peu moins naïve, forcément, avec le temps, l'expérience, etc etc, les hypothèses farfelues pourraient bien être la vérité, non ?