aujourd'hui...
Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, j'ai plongé dans le métropolitain.
J'ai trouvé une place assise, dans un angle, j'ai enfoncé mon bonnet sur les yeux et cherché le soulagement de l'endormissement. Première station : suite à un incident technique, le trafic est fortement pertubé sur la ligne quatre. Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée. Quelques stations plus tard : suite à un incident technique, le trafic est fortement pertubé sur la ligne treize dans les deux sens. Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée. Je ne dors pas, en pensée je trace les lignes de couleur enchevêtrées et j'essaie d'imaginer à quelle station la rame est arrêtée. Les portes se referment sur la sonnerie, coupant la fin du message porté sur le quai. Je somnole un peu, les paupières fermées sous mon bonnet à pompon. Suite à un incident technique, le trafic est fortement pertubé sur la ligne treize dans les deux sens. Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée. L'endormissement est interrompu. Je revois les couleurs, je cherche le nom de la station, j'hésite entre deux. Je ne regarde pas. Une femme est venue s'asseoir à la place du monsieur en face de moi, elle marche sur le bout de mes chaussures, carrées. Je me souviens que mon père avait commenté ce bout carré comme des chaussures de l'armée anglaise avait-il dit, ou quelque chose de similaire. J'ai donc acheté ces chaussures avant sa mort. Pourquoi ai-je pensé à ça ce matin, précisément ? En écrivant, je m'en rends compte, je réalise. Bientôt l'anniversaire. L'anniversaire du décès de mon père. Je porte des chaussures qu'il a vues. Suite à un incident technique, le trafic est fortement pertubé sur la ligne six. Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée. Cette fois, je n'ai aucun doute, nous sommes en face de la tour de fer. Il n'y en a qu'une, mais les chaussures vont toujours par deux.
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