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betty black
14 juillet 2013

retour de week-end, seule et sans reproche

Je suis rentrée hier soir tard. À la sortie de la gare, pas un taxi. Le service des abonnés était surchargé. J'ai opté pour le bus. J'ai du prendre le bus dans cette ville moins de fois que je n'ai de doigts à mes mains. C'était une innovation. J'ai attendu. Longtemps. Je suis montée , avec tout plein de passagers qui avaient aussi attendu, longtemps, que le bus arrive. J'ai compris ensuite qu'il aurait fallu aller à l'autre arrêt, j'aurais eu une place assise, et j'aurais moins marché. Je ne savais pas, je n'y connais rien en bus. Moi, je connais mieux les métros, avec les stations, s'il faut aller en tête ou en queue de rame selon la correspondance ou la sortie de destination. Mais le bus, j'ai pas de savoir en cette matière.

Il faisait chaud, très chaud. Et pas un pet d'air. Les micro-fenêtres étaient entrouvertes, une trappe sur le toit aussi. Une jeune fille a demandé à un jeune papa s'il voulait bien déplacer la poussette pour que les passagers puissent s'engouffrer jusqu'au fond. Le père a refusé en argumentant, j'ai pas écouté. J'ai trouvé le trajet très long, je crois que tous mes trajets en bus tirent en langueur. Il faisait chaud. Un couple d'hommes étaient assis sur les places prioritaires pour les personnes âgées, vêtus dans un tout autre style que l'autre couple plus âgé assis sous l'abribus, l'un vêtu d'une chemisette écossaise dans les tons écrus et rouge, l'autre avec sa marinière à rayures rouges, un pantalon de toile écrue semblable et des lunettes achetées certainement chez le même lunettier.

Je suis descendue sur le trottoir, ma valise m'a fidèlement suivie. Nous avons arpenté les passages piétons, descendu la pente, j'ai croisé peu de monde dans cette rue vide. Tout au fond, l'église à la façade éclairée me narguait de son indifférence de pierres anciennes.

J'ai réalisé que c'était la première fois que je rentrais seule chez moi, à pied, à la fin d'un week-end. Je ne sais pas qualifier ce sentiment ou ces émotions. De l'ordre de quelque chose d'étrangement inconnu alors que cela devrait être familier.

Il faisait chaud, j'ai ouvert les fenêtres, pas d'air, pas de vent. Et soudain, le bruit du feu d'artifice. J'ai aperçu derrière l'immeuble des bribes d'étincelles, le ciel rougeoyait, verdissait, tour à tour. L'écran télé des voisins présentait avec un léger diféré les images du feu. Situation étrange que celle de cet homme qui tente de voir en se penchant au dessus de la balustrade de sa fenêtre le spectacle qui se joue en direct derrière le mur aveugle où il a fièrement suspendu son écran géant numérique, écran qui lui donne l'image dont le mur le prive. (Phrase trop longue, compliquée, alambiquée pour ne pas dire incompréhensible, je sais. En même temps je n'ai pas vocation à être lue ni même comprise, alors...)

Je me suis couchée tard après avoir tourné vainement, comme dans une danse d'appropriation de cet espace que je partage depuis moins d'un an, cet espace que j'ai du mal à dire mien, ce lieu de vie dans lequel je me sens tout juste invitée, cet appartement familial où il n'y a pas moyen de poser un piano, où la bibliothèque est pleine de livres, mais aucun des miens, pauvres ouvrages toujours dans leurs cartons, où j'aimerais avoir un petit recoin où me blottir, et me dire, là c'est chez moi.

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