L'intensité de l'instantané
Je trie des photos, je les ordonne, je les améliore, je les diffuse, je regarde mes enfants, et je les trouve beaux.
Malgré cette technologie, malgré le pouvoir des mots, je ne peux m'empêcher de penser à la vaine vanté que de tout vouloir saisir, consigner, empiler, archiver...
Rien ne pourra rendre l'effet que me produit les petits bras de ma fille qui m'enserrent la taille, lorsque sur la bicyclette je l'emmène à travers les rues chauffées par l'été. Je sens sa tête se poser sur mon dos. Et que dire de mon sourire que personne ne voit lorsque ses menottes s'aventurent sous le tee-shirt pour me faire des chatouillis ? Comment figer pour l'éternité ces sensations tendres et douces, éphémères et précieuses? Je veux bien perdre la tête, sacrifier des cellules grises, mais s'il vous plait, faites que la vieillesse ne me prive pas de ces souvenirs.