bouclage
en ce moment, je tourne en boucle sur le thème des personnes qui ont été proches, qui le seront toujours du fait des liens familiaux, et qui rompent, prennent leurs distances, cassent, coupent, etc.Avec ma fâcheuse tendance à être responsable de tout, égocentrisme quand tu nous tiens ! je me dis qu'est-ce que j'ai fait, qu'est-ce que j'ai pas fait, qu'est-ce qui s'est passé ?
Puis je tente de me raisonner, en me disant que j'ai déçu, déçu des attentes que j'ignorais probablement, mais comme je devais compter énormément pour ces personnes, cela a fait des dégâts.
Je m'interroge aussi sur le pardon. Parfois je sais ce qui a pu provoquer la rupture. Un malentendu, une erreur, et malgré les excuses, j'ai même une fois envoyé une boite de chocolats de sa maison préférée pour me faire pardonner de ce qui a pu être perçu comme un affront, malgré les repentances, malgré les mots te les paroles dites, rien ne change.
Je me demande dans quel confort offre cette posture. Car c'est bien de cela dont il doit s'agir, ne plus répondre, éviter l'échange, adopter la fuite ou le silence, doit bien permettre d'être plus serein que de me rencontrer et d'échanger.
À moins que je ne sois considérée comme cette folle, qui, depuis qu'elle s'est éloignée de notre famille, me facilite bien la vie. À la différence que je ne cherche pas à l'éviter, que je ne lui oppose pas le silence, juste je ne cherche pas sa compagnie, pas plus qu'elle ne recherche la mienne, réflexion faite.
Je cherche, y a-t-il des personnes que volontairement j'ai chassé de ma vie sans espoir de retour ? Oui. Un type pervers et manipulateur. Deux mêmes. Qui ont tenté de profiter d'un moment où j'étais en difficulté. Le deuxième profitant de son autorité médicale. Un vrai salaud. Je me demande encore si j'aurais du le dénoncer à l'ordre. Et un troisième. Qui n'en voulait qu'à mes fesses. Mais moi, je ne voulais pas. Des filles ? Non, aucune. J'ai toujours décroché mon téléphone, ou rappelé, ouvert ma porte, même à celle qui m'appelle uniquement quand elle a un service à me demander. Les dernières fois je n'ai pas pu répondre à ses demandes. Elle ne m'appelle plus. Je ne l'appelle pas non plus.
Les liens distendus. Les liens coupés.
Dans ma famille, de part et d'autre, c'est ce qui se reproduit depuis des générations. Une ferme en héritage. Le corps de ferme coupé en deux. Les champs cloturés. Les décès surviennent. Les rancoeurs ressurgissent. Vendre ? Non. À moins que. Vendre ? Oui. Mais pas à lui. Du temps de ton grand-père, son père a fait ceci (ou cela) on ne vendra pas à lui. Ils se retourneraient dans leurs tombes. (Et alors ? cela ferait peut-être du bien à leurs vieux os de bouger un peu au fond du caveau.)
Les frères et soeurs qui ne se parlent plus. Légion chez nous. De toutes les générations que je connais, dans toutes les branches, il y a une histoire de "je ne te parle plus", même ma génération, celle de mes parents, celles de mes grands-parents. Je regarde mon fils et ma fille. Ne jamais dire jamais, fontaine je ne boirai pas de ton eau. Si seulement je pouvais éviter de leur transmettre cette tare familiale. À moins d'être enfant unique...