qui ça peut bien intéresser ?

ma vie, au final, est pleine de petits riens, qui s'accumulent, me font rire, me désolent, m'amusent, me gênent, mais qui est-ce que ça peut bien intéresser au final ? je me demande si je relirai un jour. je pense à celle qui finissait en disant, on vit, et puis un jour, tout s'arrête, et en dehors du cercle des proches, personne n'en sait rien, et ça continue, comme si de rien n'était, quelqu'un est mort, et des personnes qui le connaissaient n'en sauront peut-être jamais rien, qu'il est mort, cet été, là, de manière rapide et imprévisible.

alors, oui, qui ça peut bien intéresser ? un jour, je disparaitrais, et peut-être que ces mots resteront pour rien un peu plus longtemps que moi. qu'est-ce qu'on s'en fout de savoir que mon anesthésie pour les dents d'il y a 7 heures passées maintentant me fait encore de l'effete et que je ne peux toujours pas serrer les mâchoires ? et la joie que j'ai eue de voir mes gosses de l'autre côté du passage piétons qui agitaient la main en rythme à mon attention pour me faire signe ? et le fait que j'ai peur et envie à la fois de décrocher ce poste ? et ma journée un peu idéale d'aujourd'hui, pro, remplissage de frigo, arriver à faire rire le livreur d'allure revêche et bourrue qui s'est fait sauter dessus par l'aigrie du rdc qui sort de son local pire qu'un roquet dès qu'un véhicule (un vélo électrique de livraison de courses) se gare dans la cour, déjeuner au soleil avec mère et mari, sieste à point nommé, soins dentaires sans trop souffrir, quel effet de dingues ur moi l'adrénaline de l'anesthésie... choix de linge de lit bleu nuit de chine, parlotte, accueil, bise à la copine de passage, aménager la chambre de bonne pour la nuit pour la maternelle qui dort sous les toits, rentrer pour une soupe fromage raisins, et trainer devant l'écran.

attendre la fin du cycle de la machine à laver, travailler un peu, enfin, essayer, écrire ici, pour ne rien dire. avant d'aller finir la promesse de l'aube pour s'endormir paisiblement.

c'est drôle, j'entends le bruit de la pluie, et je ne la vois pas tomber, je vois les gouttières trempées, luisantes d'eau dégoulinant, mais pas une goutte ne traversent l'espace de ma fenêtre.

les gouttes retentissent.

j'ai la mâchoire endolorie.

être raisonnable consisterait à aller se coucher maintenant.

ça ne me ressemble pas tant que ça.