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betty black
6 juillet 2016

du gruyère

j'ai l'impression de diminuer. dans à peu près tout. je ne sais pas si j'enjolive ma vie passée, mais il me semble que j'en faisais davantage, que j'étais mieux structurée, que je perdais moins de temps. peut-être pas. j'ai moins de stress, ça, c'est sûr.

mais je déteste ce sentiment d'avoir une tête un peu percée, à défaut d'être perchée. des idées qui viennent, qui passent, qui repartent aussitôt, et que je peine à retrouver ensuite.

des envies, des fulgurances, des pensées qui me semblent intelligentes et lumineuses, qui s'évanouissent, trop fugaces pour que je puisse les retenir. l'impression de pouvoir être quelque chose de valable, quelqu'un d'intelligent, comme une élévation dans un élan maniaque, qui retombe comme le soufflé sorti du four, dans un bruit un peu plat. spoltch.

poursuivre et se dire que petit à petit, ce sera ça déjà de fait. et plus à faire. ou presque.

c'est un peu comme la vision. qui parle de la presbytie ? parfois, il me semble que j'ai du mal à lire, que c'est plus flou, et puis, je me reprends, et puis j'oublie. et soudain j'ai peur, je vais devenir presbyte avant lui, de 5 ans mon aîné. je sais que c'est comme tout, il n'y a pas de règle prédéfinie, ça peut être tôt ou tard, comme la ménopause, dans la famille, entre 36 et plus 57 ans pour ce que j'en sais de deux femmes, ça laisse un champ des possibles terribles. je pense à cette femme qui est terrorrisée d'avoir 50 ans l'année prochaine, qui me parlait des premiers symptômes de la ménopause, elle a tout essayé, elle va aller voir son médecin, elle veut des hormones, elle n'en peut plus, elle me glisse à l'oreille, qu'elle a toujours été persuadée qu'elle passerait au travers, que tout ce qu'elle entendait, ça ne lui arriverait pas, et puis voilà, ça y est, et elle le vit très mal, c'est perturbant, dérangeant, douloureux, surprenant, inattendu. et je pense à ma mère qui me disait qu'elle avait fait du rangement dans la maison de ma grand-mère et avait jeté des protections périodiques d'un autre temps, pour les montrer à ses filles, comment c'était, et d'enchainer sur ses règles douloureuses. je n'ai pas osé lui dire "maman, tu te souviens comme j'ai souffert, adolescente ?" j'ai même pris un traitement pour être sûre que les épreuves du bac se passent sans avoir à gérer cette interruption mensuelle de ma vie, ces jours passés au fond de mon lit, recroquevillée sur une bouillote collée au ventre. "maman, pourquoi as-tu attendu que j'ai quarante ans passés pour m'en parler ?" j'avais toujours dans l'idée que c'était incongru, que jamais on n'avait vu ça dans la famille, et non, j'ai du mal comprendre à l'époque alors. je ne t'en veux même pas, tu as toujours eu du mal avec ce genre de sujet, la vieillesse abat certaines barrières semble-t-il. je me demande quand me parlera-t-elle de sa ménopause ?

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