le visage picasso
Dans un de ces passages parisiens, le ciel vitré, les touristes amusés, les badauds le nez sur les vitrines, les passants passant, les business workers attablés pour la pause déjeuner.
Il était debout, un peu plus loin, devant la vitrine des autographes authentiques.
De profil, rien d'extravagant, un faux air de Lambert Wilson, le nez d'aigle peut-être, la tignasse brune, le front dégagé, les yeux enfoncés. Les yeux ? L'œil plutôt. A la faveur d'un mouvement de tête, la face est apparue. L'autre œil s'est présenté. Décalé. Un grand décalage. Deux centimètres au moins sous l'autre œil. Une forme légèrement différente. Ce qui était à peine perceptible de profil, trois quart, la perspective
jouant des tours, devient flagrant. Impossible de savoir si la nature a été facétieuse ou si un accident de la vie a trituré la symétrie. Cet homme a un visage dessiné, sculpté par Picasso.